Bijoux de Création: photo

Un dimanche matin de juillet à Marseille. Il fait beau. Pas trop chaud car il est encore tôt. Nous tentons, malgré la torpeur des réveils de vacances, une petite visite à la Cité Radieuse, que mon amie Dominik, venue des Corbières, tenait à voir absolument. Pourquoi cet intérêt ? Elle vous expliquera elle-même dans son blog pourquoi elle approuve les principes de « village vertical », tentative d’une nouvelle forme de cité par Le Corbusier entre 1945 et 1952 et qu’elle pense être aujourd’hui une bonne alternative à la défiguration du paysage par l’étalement disgracieux des lotissements en série. Et malgré mon scepticisme sur le bonheur d'y habiter, je dois dire apprécier le concept, la recherche, l'"œuvre d'architecte".

Ce post n'est qu'un souvenir, que je ne voudrais pas alourdir par une sèche documentation, mais pas d'impasse possible sur une petite présentation afin de comprendre les photos que nous présentons.

Et si vous en avez la curiosité, suivez le lien !

Selon Le Corbusier, l’Unité d’Habitation crée un phénomène social productif dans lequel l’individuel et le collectif s’équilibrent dans une juste répartition des fonctions de la vie quotidienne". L’idée de base de ce nouveau modèle est simple. Il s’agit, sur des terrains artificiels supportés par des pilotis, de construire des ensembles de logements individuels insérés dans la logique d’une structure collective, destinée à apporter par ses équipements l’organisation nécessaire à l’épanouissement de la vie sociale. Ce faisant, Le Corbusier invente ainsi un objet urbain, ni barre, ni tour "intrinsèque comme un gratte-ciel", un unicum qui, placé en représentation dans l’espace de la ville, transcende sur le plan symbolique la fonction ordinaire du logement.

André WOGENSCKYAchitecte, Membre de l'Institut - Académie des Beaux-Arts

Le Corbusier, l'architecture, sont de vieux souvenirs occultés en moi. Il fut un temps, il y a bien longtemps, où je devais tout apprendre sur "le modulor"...et oh, surprise! je viens à l'instant de retrouver "La Chartes d'Athènes" dans ma bibliothèque ! Table rase faite du passé, j'ai abordé la découverte du bâtiment la tête vide, en promeneuse paresseuse, cherchant des sensations visuelles plutôt que des concepts. Et l'embarquement fut enchanteur : douceur satinée des matières, reflets polis et patinés, ronde tiédeur du béton, notations colorées jamais gratuites, sobriété calme, apaisante et joyeuse des emboitements d'espaces autant intérieurs qu'extérieurs. Et puis le flamboiement bleu du ciel marseillais sur le toit terrasse dont la rambarde en béton s'ajuste d'un côté à la lisière de la mer, soulignant le pourtour d'un trait bleu foncé. La mer traitée comme un élément graphique ! Ce matin-là, quelques rares touristes et leur guide passent en vitesse sur le pont. Nous essayons d'imaginer la vue alentour telle qu'à l'époque de la construction, vierge d''urbanisation, village vertical isolé mais pouvant subvenir à tous les besoins, matériels et humains.

Mais nous plongeons dans l'oeil de nos appareils photos, moi un peu au hasard avec la main qui tremble et le reflet incertain de l'écran-viseur, et Dominik qui révèle ce que personne ne voit avec son oeil expérimenté de photographe. Je suis ravie de cette pêche sur ce bateau calme, oserais-je dire "rond" malgré l'apparence de la façade ?! Domi me dit penser à de la bossa nova si on devait montrer ces images. L'idée m'étonne, mais après tout pourquoi pas ? Le diaporama ne sera pas didactique, mais notre souvenir, alors nous nous autorisons à mêler nos ressentis et nos photos en commun.